On sait qu’ils existent mais parfois on se demande qui sont-ils vraiment. Des militaires, des civils ? Protègent-ils les frontières maritimes ? Comment se coordonnent-ils avec les forces de police ou de gendarmerie ?…beaucoup de questions dont la multiplicité des réponses ne peut que déboussoler parfois. Là où, aux Etats-Unis d’Amérique, l’US Coast Guard est un corps de l’US Army, en France nous avons plutôt des gardiens de nos côtes, aux appartenances variées et aux missions diversifiées dont l’efficacité, éprouvée, repose sur la complémentarité et l’union de leurs compétences.
Dans un contexte politique où la question de l’immigration est d’une très grande sensibilité, la protection des frontières maritimes est un enjeu majeur. Ceux qui en ont la charge relèvent de l’Etat français (1ère partie) mais aussi d’une compétence européenne (2ème partie : Frontex). Au-delà des images télévisées il n’est pas inutile de rappeler ce qu’il en est réellement. Car si les garde-côtes jouent un rôle essentiel dans la préservation de la sécurité maritime, la protection de l’environnement marin et la lutte contre les activités illicites en mer, ils ne portent pas tous le même uniforme.
Non seulement interviennent une pluralité de services publics et d’organismes mais de surcroît ils relèvent de divers ministères, notamment le ministère de la Transition écologique, le ministère de l’Intérieur, et le ministère des Armées. Embarquons dès lors pour se familiariser avec eux.
La direction des Affaires maritimes
La direction des Affaires maritimes, placée sous l’autorité du ministère de la Transition écologique, constitue un acteur clé. Elle est responsable de la sécurité des navires, de la formation des marins et de la gestion des ressources maritimes. Les agents des Affaires maritimes surveillent également les zones de pêche et font respecter la réglementation.
La Marine nationale
Son action est prédominante dans la défense et la surveillance des eaux territoriales françaises. Ses missions incluent la lutte contre le trafic de stupéfiants, la protection des zones économiques exclusives (ZEE) et l’assistance aux navires en détresse.
La Gendarmerie maritime
Cette branche spécialisée de la Gendarmerie nationale intervient principalement dans les ports et les zones littorales. Ses missions incluent la lutte contre la pollution, la recherche de personnes disparues et l’inspection des navires. Elle joue également un rôle dans la prévention et la répression des infractions liées à la pêche.
La Société nationale de sauvetage en mer (SNSM)
Bien qu’il s’agisse d’une organisation bénévole, la SNSM est un maillon indispensable de la chaîne de sécurité en mer. Ses sauveteurs interviennent lors d’opérations de sauvetage et d’assistance aux plaisanciers ou aux pêcheurs en difficulté.
On voit une grande disparité de rattachements et de positionnements pour des missions qui, sous le vocable de « garde-côtes » sont cruciales tant pour les personnes que pour l’environnement ou la préservation des ressources économiques et maritimes de la France qui, rappelons-le, avec ses territoires ultra-marins, dispose de la deuxième zone d’exclusivité économique maritime au monde. Ce qui était souvent perçu comme une contrainte budgétaire – la protection de tels espaces – est en passe de devenir un atout extraordinaire quand toutes les nations se mettent en quête de ressources halieutiques, de nodules polymétalliques ou d’énergie. La Nouvelle-Calédonie, Mayotte, la Réunion, la Polynésie, la Guadeloupe ou la Martinique, Saint-Barth voire Saint-Pierre et Miquelon ne sont pas que des destinations touristiques ou des sources d’embarras pour les gouvernements, ces territoires ultra-marins sont des atouts qui devraient être considérés non pas toujours pour ce qu’ils sont mais pour ce qu’ils pourraient être. L’immigration qui fait la une des journaux télévisés et celle qui vient d’Afrique et cherche à rejoindre le Royaume-Uni en passant par Calais, mais Mayotte est aussi une destination pour les Comoriens et les ressources de la Nouvelle-Calédonie font l’objet de toutes les attentions chinoises. Loin d’être un espace de liberté la mer est un espace convoité.
Alors oui les missions des garde-côtes sont nombreuses. Ils assurent la sécurité maritime, sauvetage en cas d’accident, prévention des collisions et des naufrages, ainsi que l’assistance technique aux navires. Les CROSS (Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage) jouent un rôle central dans la coordination des secours. Ils sont des vigies de l’environnement en participant à la lutte contre les pollutions marines, qu’elles soient accidentelles, comme les marées noires, ou intentionnelles, comme les dégazages illégaux. Ils surveillent également les zones protégées et veillent à la préservation de la biodiversité marine. Ils assurent la surveillance des activités économiques et veillent au respect des réglementations en matière de pêche, d’exploitation des fonds marins, et de navigation commerciale. Ils interviennent aussi dans la lutte contre les activités illégales telles que le trafic de drogues, l’immigration clandestine ou la pêche illégale. Les garde-côtes, en coordination avec d’autres services de l’État, mènent des opérations pour détecter et neutraliser ces menaces.
Les 11 millions de m2 de ZEE de la France méritent grandement que les moyens soient mis pour en assurer la protection. La France s’y emploie, même si, assurément, elle pourrait mieux faire, l’Union Européenne a aussi un rôle.
La semaine prochaine : L’organisation et le rôle des garde-côtes en France (2ème partie) – les relations avec Frontex.