Le poète et le soldat

22 avril 2025 | Éditoriaux

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Le poète et le soldat

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Assurément il y aurait matière à fable entre ces deux personnalités fortes, que furent Jean de la Fontaine et le général de Gaulle, chacune dans son domaine, de notre Histoire.

Le premier n’a eu de cesse de rappeler que même si on peut avoir besoin d’un plus petit que soi il n’en est pas moins vrai que la raison du plus fort étant toujours la meilleure il n’est pas inutile de comprendre que l’union fait la force.

Le second a démontré que les amis d’un jour ne sont pas ceux de toujours et que, dans tous les cas de figure, des alliés étaient un atout qui n’empêchait pas de pouvoir compter sur ses propres forces pour se faire respecter et entendre.

En somme rien d’incompatible entre ces deux personnalités. L’un vivait au temps du roi Soleil où la France était LA puissance mondiale dans toutes ses composantes ; le second a connu deux guerres mondiales, un rideau de fer, une France affaiblie et s’était donné pour objectif de lui redonner son lustre. Il n’a pas du trop mal réussir si on en juge par l’usage de son nom, de sa personnalité, de sa vision par l’essentiel des partis politiques en France. A ce propos il convient de rappeler quelques vérités, de Gaulle n’a pas fait sortir la France de l’OTAN mais simplement de son commandement intégré, de même de Gaulle n’a pas souhaité réaliser un quelconque Frexit mais a simplement voulu que la France, dans la Communauté Européenne, y soit forte. Ses réticences à faire adhérer le Royaume-Uni ont trouvé une forte résonnance avec le Brexit. En somme de Gaulle s’est toujours positionné dans une posture d’autonomie et de respect de ses valeurs plus qu’en collaborateur soumis à, justement, la loi d’un plus fort.

Les évolutions de certains politiques, industriels, journalistes qui confondent allégrement vérités et mensonges laissent perplexes tant elles sont éloignées des réalités du terrain et de l’opinion publique.

Il faut relire de toute urgence trois livres, « le viol des foules par la propagande politique » de Serge Tchakhotine, « LTI – lingua tertii imperii » de Victor Klemperer et « Hammerstein ou l’intransigeance – une histoire allemande » de Hans-Magnus Enzensberger. Il faut les relire vite car ils vous donneront des clefs de compréhension de ce qui nous entoure et de la façon dont sont mis en œuvre des moyens pour faire, comme dans 1984, un monde dans lequel 2+2 ne ferait plus 4. Il faut les relire vite car en toute logique ils seraient parmi les premiers censurés et victimes d’autodafés, permettant trop facilement d’ôter le vernis de la fake news pour faire apparaitre les réalités du terrain.

La Fontaine et de Gaulle, puis les auteurs mentionnés doivent permettre de percevoir que si rien n’est fait on s’achemine, pas à pas, vers le « 1984 » de George Orwell ou le « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury.

Mais cette vision est peut-être un peu trop littéraire. L’intrusion dans le jeu politique des Musk, Bezos, Zuckerberg et autres de tous les pays, y compris en France, modifie clairement les règles applicables. Ces chefs d’entreprises ont, à raison, les yeux rivés sur leurs comptes et leurs intérêts, mais, à tort, ils croient que cela peut être indifférent d’un Etat de droit. Or ce n’est pas le cas. Quand les oligarchies prennent le pouvoir la société en sort rarement grandie. Les équilibres peuvent être maintenus quelques temps avec du pain et des jeux mais cela n’est jamais éternel. Comme dans le roman « meurtre au jeu de boules » de William Harrison (qui est devenu le film Rollerball) on peut imaginer un monde dominé par des conglomérats industriels ou technologiques qui auraient supplanté un gouvernement politique élu. Certains en rêvent, aux Etats-Unis d’Amérique actuellement par exemple, mais l’issue est toujours incertaine.

Il est peut-être déjà minuit dans notre siècle. Il serait bon que nos politiques grandissent un peu, cessent le nombrilisme franco-français de chaque situation et s’ouvrent au monde, arrêtent de faire de l’Europe un bouc émissaire de leur propre incompétence et participent à la constitution d’une Europe gaullienne, y compris dans le domaine de la défense, à savoir forte et ce grâce à la France qui le serait aussi.

Nicolas LEREGLE

Directeur de la rédaction

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