Avez-vous quelque chose à déclarer ? Cette apostrophe douanière n’est plus vraiment de mise aujourd’hui. Ceux qui, à raison n’ont rien à déclarer, franchissent la porte verte et peuvent être contrôlés aléatoirement. Ceux qui ont quelque chose à déclarer passent le portail rouge et d’eux-mêmes vont faire les formalités afférentes à leurs situations. Les douaniers s’intéressent clairement à ceux qui essayent de s’affranchir des portes et indications que nous lisons aux sorties, par exemple, des terminaux d’arrivée. Un inventaire non exhaustif des trafics auxquels les douanes sont confrontés laisse pour le moyen rêveur tant cet inventaire à la Prévert est diversifié et les montants qui s’y rattachent sont conséquents.
Le commerce de drogues telles que le cannabis, la cocaïne et les drogues de synthèse génère des revenus considérables. En France, la consommation annuelle de cannabis est estimée à environ 154 tonnes, représentant un chiffre d’affaires de 1,12 milliard d’euros. On estime 3 milliards le chiffre d’affaires de la drogue avec environ 25.000 personnes qui y sont rattachées directement et 250.000 qui y participent plus occasionnellement.
Exploitation illégale des ressources naturelles incluant les mines, les forêts et les zones de pêche, est devenu la première source de financement des organisations criminelles et terroristes, avec des revenus estimés entre 110 et 281 milliards de dollars en 2017. La France est concernée en particulier avec le trafic de civelles par exemple mais aussi par les importantes saisies opérées dans les aéroports français comme Roissy ou Orly.
Le transport illégal de migrants rapporte entre 3 et 4 milliards de dollars par an aux réseaux criminels, avec environ 400 000 clandestins entrant chaque année en Europe.
En France, le marché noir du tabac représente environ 3 milliards d’euros par an, soit environ 10 % du marché total du tabac. Chaque hausse des prix entraine une progression de ces montants et les saisies sont de plus en plus conséquentes et les subterfuges des trafiquants de plus en plus sophistiqués.
Entre 8.000 et 10.000 armes sont en moyenne saisies annuellement en France ce qui ne permet pas d’extrapoler sur les réalités de ces trafics. On note un recours croissant aux armes dites de guerre qui se sont banalisées dans certaines régions pour les trafics de stupéfiants.
La production et la distribution de produits contrefaits, tels que vêtements, accessoires et appareils électroniques, constituent un marché illégal important, bien que les estimations précises varient.
Les douanes sont sur tous les fronts, air, terre et mer. Le trafic maritime a pris une ampleur sans précédent ces dernières années. Il est donc utile de rappeler l’ampleur de cette pratique mais aussi, dans un second temps, de rappeler qu’il existe des espaces où les douanes sont beaucoup plus discrètes.
Nicolas LEREGLE