La pénitentiaire que cela soit les établissements ou les surveillants semblent être la cible d’actes malveillants, destructions de véhicules, vandalisme et intimidations. Il n’est pas compliqué d’établir une relation entre ces actions baptisées de défense des droits des prisonniers français et les actions menées depuis quelques mois par le ministre Gérald Darmanin à l’encontre, entre autres, des narcotrafiquants. Le retour des quartiers de haute sécurité, la construction d’établissements dédiés à ces détenus, la mise en place de prisons supplémentaires sont autant de marqueurs d’une volonté politique.
Que la contrepartie de cette volonté soit une démarche d’intimidation – dont on ne doit pas sous-estimer sa capacité à produire ses effets, les personnels concernés pouvant être légitimement être inquiets – n’est pas étonnant. Il va donc appartenir à l’Etat de mettre en face les moyens nécessaires à peine de voir s’effondrer un pan essentiel non pas de notre appareil sécuritaire mais plus simplement de l’Etat de droit.
Cibler les prisons témoigne de l’importance prise par ces dernières dans la politique sécuritaire de notre pays. Nous devons prendre conscience que les prisons ne sont plus de simples lieux d’enfermement et d’exclusion de la société.
Les prisons s’inscrivent dans un corpus de règles respectueuses de l’individu qui y est enfermé ce qui permet à ce dernier d’interagir avec le monde extérieur de façon plus aisée. Les réseaux sociaux y ont leur place comme les téléphones portables, qui se saisissent à la pelle dans les cellules, créant les paramètres d’une équation insoluble entre privation de liberté mais accès au monde extérieur, restriction de l’essentiel des droits et maintien de l’exercice de certains.
Mais les prisons sont aussi des observatoires parfaits des réseaux criminels et terroristes, de leurs modes de fonctionnement et de recrutement, des moyens humains et financiers qu’ils sont capables de mobiliser, des réseaux extérieurs qui les soutiennent et les assistent. La création du renseignement pénitentiaire – que nous avions déjà évoqué précédemment – est de ce point de vue une initiative qui ne cesse de porter ses fruits.
Mao-Tsé-Toung comme révolutionnaire et le colonel Galula comme contre-révolutionnaire pensaient tous les deux que la meilleure façon d’attraper le poisson était d’assécher le lac, et donc de l’isoler, tout en conquérant le soutien de la population. Je ne sais pas si Gérald Darmanin a lu « contre-insurrection : théorie et pratique » mais cet ouvrage essentiel donne des clefs toujours d’actualité sur la façon, non militaire, de traiter les situations auxquelles nous commençons à être confrontés. Les réseaux criminels et terroristes aujourd’hui ne se contentent pas de mener leurs activités, ils souhaitent aussi imposer leurs vues aux Etats, y compris en Europe, avec, par exemple, des pays comme la Hollande ou la Belgique qui sont confrontés à des tentatives de mainmise sur leurs technostructures politico-administratives via la corruption, la menace, la violence. En s’attaquant aux prisons ces réseaux adressent un signal fort, qui ne peut rester sans réponse.
Nicolas LEREGLE
Directeur de la rédaction
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