La police de la chasse – les lieutenants de Louveterie (1/2)

13 juin 2025 | À la une

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La police de la chasse – les lieutenants de Louveterie (1/2)

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Le loup est un animal omniprésent dans notre histoire comme dans notre culture. Allaitant Remus et Romulus la louve est devenue le symbole de Rome et de sa puissance. Quelques siècles plus tard Charlemagne théorisait la nécessité de disposer de louvetiers assurant la lutte contre ces animaux. En littérature, le Petit Chaperon Rouge qui, rappelons-le, est dévoré par le loup (version de C Perrault), même sort pour la Chèvre de monsieur Séguin ou l’agneau de la Fontaine, en musique avec Prokofiev ou au cinéma du « miracle des loups » aux loups-garous de Londres de Twilight ou Underworld la lycanthropie n’est pas près de s’éteindre.

Les loups sont pourtant des créatures bien réelles qui pendant des siècles ont symbolisé, bien plus que l’ours, la bête sauvage anthropophage.

La plus connue, la bête du Gévaudan est le surnom d’un ou plusieurs canidés ayant commis des attaques contre des humains en France entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767 (124 victimes) mais d’autres ont aussi marqué cette époque, la bête de l’Auxerrois entre 1732 et 1734 (28 victimes), la bête de Primarette entre 1747 et 1752 (7 victimes), la bête du Lyonnais entre 1754 et 1756 (30 victimes) et la bête des Cévennes entre 1809 et 1817 (39 victimes) « au loup ! » criait-on alors à raison.

Aujourd’hui on ne chasse plus le loup, bien au contraire on a tendance à le réintroduire sur nos territoires, parfois au grand dam des bergers, et cet animal ne suscite plus les mêmes peurs que par le passé. Mais la louvèterie n’a pas disparu pour autant.

La police de la chasse en France, également connue sous le nom de lieutenant de louveterie, possède une histoire riche et une organisation spécifique qui témoignent de l’importance accordée à la régulation de la faune sauvage et à la protection des intérêts agricoles et forestiers.

L’origine de la police de la chasse remonte à l’Ancien Régime, où la chasse était un droit réservé à la noblesse et strictement encadré. Pour protéger les cultures et les forêts des dégâts causés par certains animaux, notamment le loup, des officiers spécialisés furent nommés : les lieutenants de louveterie. Louis XV leur demandera de traquer la bête du Gévaudan et Napoléon s’assura de leur permanence après que la Révolution française ait tenté de les faire disparaitre.

Le terme « louveterie » vient du mot « loup », l’une des missions principales de ces officiers étant la régulation des populations de loups, très nuisibles aux troupeaux. Sous l’Ancien Régime, les lieutenants de louveterie étaient des agents royaux chargés de la surveillance et de la lutte contre les prédateurs. Leur rôle s’est progressivement élargi à la surveillance de la chasse en général, à la protection des espèces, et à la régulation des populations animales.

Après la Révolution française, la chasse s’est démocratisée, mais la nécessité d’une régulation a persisté. La police de la chasse s’est institutionnalisée, avec des règles précises encadrant les périodes de chasse, les espèces autorisées, et les méthodes employées. Les lieutenants de louveterie ont été intégrés dans cette organisation, souvent en tant qu’agents de l’État ou représentants des collectivités territoriales. Ils sont devenus une composante essentielle de la gestion durable de la faune sauvage en France. Cette dernière est organisée autour de plusieurs niveaux et acteurs :

– Les lieutenants de louveterie : ils sont des agents assermentés, souvent bénévoles, nommés par arrêté préfectoral. Leur mission principale est la régulation des espèces nuisibles, notamment le loup, le sanglier, le renard, et d’autres animaux susceptibles de causer des dégâts aux cultures ou aux élevages. Ils peuvent procéder à des tirs de régulation, organiser des battues, et informer les chasseurs sur la réglementation.

– Les fédérations départementales des chasseurs : ces structures jouent un rôle central dans la gestion et la police de la chasse au niveau local. Elles coordonnent les actions des lieutenants de louveterie, délivrent les permis de chasse, et veillent au respect des règles.

– Les services de l’État : la Direction Départementale des Territoires (DDT) et la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) supervisent la réglementation, délivrent les autorisations spécifiques, et contrôlent les pratiques.

– Les gardes-chasses particuliers : en complément des lieutenants de louveterie, certains propriétaires ou associations peuvent employer des gardes-chasse pour surveiller leur territoire, prévenir le braconnage, et faire respecter la réglementation.

Dans cette organisation les lieutenants de louveterie ont un rôle très spécifique dans la police de la chasse. Ils sont habilités à :

– Organiser et diriger des opérations de régulation des espèces nuisibles.

– Contrôler le respect des périodes de chasse et des quotas.

– Intervenir en cas d’infractions, en collaboration avec les forces de l’ordre.

– Conseiller les chasseurs et les agriculteurs sur les meilleures pratiques de gestion de la faune.

– Participer à la collecte de données sur les populations animales.

La police de la chasse en France, incarnée notamment par les lieutenants de louveterie, est un pilier de la gestion durable de la faune sauvage. Héritière d’une tradition ancienne, elle a su évoluer pour répondre aux défis contemporains liés à la biodiversité, à la sécurité des territoires, et à la coexistence entre humains et animaux. Grâce à une organisation structurée et à des acteurs engagés, elle garantit un équilibre essentiel entre protection de la nature et respect des activités humaines.

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