La naissance d’un influenceur
En dénonçant la dégradation de la sécurité à Rennes et en affichant les délinquants sur les réseaux sociaux, il avait acquis une certaine notoriété. Accusé d’être d’extrême droite, par la gauche, adulé par la droite en recherche de sécurité, le Jarl ne laissait pas indifférent et ses prises de position étaient attendues et relayées.
Directeur de la boîte de nuit « 1988 » à Rennes, il était à l’entrée de son établissement début mars 2025 lorsqu’une fête interdite (rave party) a été organisée dans un lieu désaffecté tout proche. L’entrée des deux bâtiments étant très proches, le Jarl et son équipe sont intervenus en même temps que les forces de l’ordre au moment où les jeunes fêtards sont sortis. Dans la panique, des violences ont eu lieu des deux côtés : jets de bouteille en verre, coup de bombe lacrymogène, etc.
A la suite de cet événement d’une rare violence, l’établissement a été fermé et le Jarl remercié de son poste de directeur. L’expérience d’un homme de terrain, confronté chaque jour à la violence, aux trafiquants de drogue et aux mineurs non-accompagnés est un précieux témoignage pour comprendre comment la violence peut perdurer dans une société libre et démocratique.
Apprivoiser et canaliser la violence
Lorsqu’on est victime de violence dans sa jeunesse, plusieurs choix peuvent s’offrir à nous : subir et sombrer ou bien se lever et s’interposer. Le Jarl a choisi la deuxième voie.
Les premières pages de l’ouvrage s’ouvrent sur des épisodes de violence de la part du beau-père alcoolique. Cet épisode tragique conduira à deux résolutions dans la vie de l’influenceur : ne jamais consommer d’alcool et apprendre à canaliser la violence pour la mettre au service de la justice.
Inhérente à l’homme, la violence fait partie de la vie de la société – de toutes les sociétés – il ne sert à rien de la rejeter en bloc, il est préférable de l’apprivoiser en essayant de la mettre au service des plus faibles. Après un court passage dans la police, celui qui deviendra plus tard le Jarl, a trouvé son espace dans le monde de la nuit.
Autrefois, la violence était limitée alors qu’elle est aujourd’hui devenue incontrôlée. « Les bagarres existent depuis toujours et je vous l’ai dit, il y a encore quelques années, quand deux hommes se battaient, souvent pour une histoire de fille, l’affaire se passait sur un parking de discothèque. Le pugilat prenait fin au premier KO. Celui qui était sonné, qui saignait, capitulait et l’autre se montrait inquiet quant à l’état de santé de son adversaire », explique-t-il. Et d’ajouter : « Au mot « violence » on n’ajoutait pas « ultra » ! ».
Cette violence, on la retrouve dans le monde de la nuit, dans l’alcool, au sein des familles, des vies tourmentées des mineurs non-accompagnés (MNA) et du trafic de stupéfiants mais aussi chez de nombreux jeunes, en perte de repères …
Une jeunesse en déshérence
Tout au long de l’ouvrage, on découvre le parcours de nombreux jeunes ayant connus des déboires professionnels, absence familiale et paternelle, des problèmes psychologiques. Leur point commun ? La violence est devenue leur seul langage, leur seule façon de s’exprimer mais certains ont pu tomber sur un physio compréhensif, ferme et pédagogue, à l’entrée d’une boîte de nuit rennaise.
Ces jeunes sont parfois issus de l’immigration, adoptent un vocabulaire spécifique et admettent généralement l’absence de sens à leur vie. Ça va mal finir est aussi l’histoire d’une multitude de jeunes ayant perdu leurs repères et ayant trouvé dans la violence un exutoire.
Parmi ses nombreuses anecdotes, l’auteur raconte qu’un petit village aux alentours de Rennes était terrorisé par une bande de jeunes, agressant les vieilles dames et à l’origine de nombreux petits délits. Le maire et son équipe d’élus ainsi que les gendarmes, dépassés par les événements en sont arrivés à faire appel à une entreprise de sécurité, dirigée par Le Jarl et son équipe d’agents de sécurité. En trois jours, les jeunes en déshérence ont rapidement retrouvé le chemin de l’école et de la discipline.
Ces nombreuses anecdotes – parfois sur le ton de l’humour, parfois plus tragiques – montrent différentes facettes de la violence et de ses conséquences sur le reste de la société. Police/justice, rapport de force et territoire, sanction ou prévention : autant de questionnements à venir la semaine prochaine, au prochain épisode de Ça va mal finir.
Simon DOUAGLIN
Rédacteur en chef