Concentrer les forces ou les disséminer ? Telle est la question.
Les 4100 agents de police, répartis entre « sécurité publique », « police judiciaire » et « police aux frontières », sont mobilisés en priorité sur la lutte contre le trafic de stupéfiants et soutenus par une force administrative et transversale aux différents ministères ainsi que par une cellule de renseignement dédiée. La stratégie semble payer. Le rapport pointe les réussites de cette stratégie de concentration des forces, notamment avec une neutralisation de plusieurs têtes de réseaux et de l’élimination de 40% des points de trafic de drogue ces dernières années.
Des renforts en nombre face à la crise des effectifs
Outre le soutien de la Gendarmerie nationale sur des événements ponctuels et de près de 500 policiers municipaux, la Police nationale poursuit son action avec l’arrivée de nouveaux renforts. « Dans le cadre du plan « Marseille en Grand » annoncé en septembre 2021, la ville a reçu des moyens importants, incluant plus de 400 agents de police, deux compagnies républicaines de sécurité, et des équipements (200 véhicules, 2 000 caméras piétons, et 5 000 terminaux téléphoniques) », indiquent les auteurs du rapport.
Les renforts sont essentiels pour soutenir des effectifs continuellement sous tension. Les jours d’arrêt maladie n’ont cessé de progresser jusqu’à atteindre 34% depuis 9 ans pour la police aux frontières. Heures supplémentaires, absentéisme, arrêt de travail, arrêt maladie : tous les indicateurs sont au rouge et ont même amenés à des mouvements sociaux en 2022 et 2023. A cela s’ajoute les problématiques locales telles que les « problèmes de logement et des conditions de travail, avec des primes mal ciblées et des aides à l’installation insuffisantes ».
Quelles solutions pour endiguer le trafic et soutenir les effectifs ?
Les recommandations de la Cour des Comptes visent en priorité à réaffirmer l’ascendance du préfet comme représentant de l’Etat, en rattachant « la direction de la sécurité, polices administratives et réglementation à la préfecture de police des Bouches-du-Rhône » et « confirmer la responsabilité pleine et entière du préfet de département en matière de gestion de crise et de pilotage des grands événements ».
Pour lutter contre les départs d’agents, les rapporteurs de la Cour des Comptes recommandent de « créer une indemnité de fidélisation versée aux effectifs de police exerçant dans les divisions les moins attractives de Marseille pendant une durée continue de cinq ans ».
Le rapport souligne également l’importance des enjeux de prévention, notamment auprès des plus jeunes, en « […] mettant en place un plan d’action unique accompagné d’objectifs chiffrés visant à prévenir l’usage illicite de stupéfiants, en particulier chez les personnes mineures ». Plus généralement, les polices nationale et municipale devraient améliorer leur « partage d’informations » et « renforcer les patrouilles conjointes ou mixtes ». Pour le reste, la réponse sera probablement politique et internationale, pour lutter contre les réseaux en France et depuis l’étranger.
Simon DOUAGLIN