Le crime paye encore
Ensauvagement, fusillade, manne financière : le trafic de stupéfiants prend un essor considérable en France ces dernière années et apporte avec lui son lot de crimes et les pouvoirs publics semblent absents. « Le Président Macron et ses ministres font semblant d’aller régler les problèmes criminels à Marseille mais dès qu’ils quittent la ville tout recommence », observe Xavier Raufer, criminologue au CNAM. « Si la criminalité fait parler, c’est en raison du fait qu’il existe plus de criminels qui récidivent, ou bien plus de phénomènes criminels qui se produisent. Pour le moment, nous sommes dans les deux cas. On laisse entrer de nombreux clandestins – des sans-papiers – qui, n’ayant pas de ressources, en arrivent à commettre des actes illicites pour manger. »
Le crime est aussi une question d’opportunisme, s’il existe encore des crimes c’est parce que le crime paye. « Si tous les braqueurs en France étaient condamnés à 20 ans de prison, il n’y aurait plus de braquage au bout de trois mois », ajoute-t-il.
La loi visant à sortir la France du narco-trafic : une nouvelle loi pour rien ?
Présentée aux élus du Parlement, la loi se vide progressivement et perd ainsi tout son sens. « Il n’y a rien de positif à en tirer, d’autant plus que l’on a déjà retiré 80% de son contenu. Ce type de loi est fait pour des questions de communication. Toutes les lois existent déjà mais ça ne rime à rien si on ne les applique pas », déplore le criminologue.
Toutes les lois existent déjà pour punir sévèrement les activités autour du trafic de stupéfiants, il convient seulement de les faire appliquer. Comme le dispose l’article 222-34 du Code Pénal, « le fait de diriger ou d’organiser un groupement ayant pour objet la production, la fabrication, l’importation, l’exportation, le transport, la détention, l’offre, la cession, l’acquisition ou l’emploi illicites de stupéfiants est puni de la réclusion criminelle à perpétuité et de 7 500 000 euros d’amende ». Et Xavier Raufer de questionner : « Que peut-on faire de plus ? ».
Si un juge veut condamner le vol, il peut utiliser l’article 311-8 du Code Pénal qui prévoit que « le vol est puni de vingt ans de réclusion criminelle et de 150 000 euros d’amende lorsqu’il est commis soit avec usage ou menace d’une arme, soit par une personne porteuse d’une arme soumise à autorisation ou dont le port est prohibé », précise-t-il.
Alors, que faire ? Comment réagir ?
Toutes les lois existent pour rétablir une fermeté vis-à-vis de la criminalité liée au trafic de stupéfiants mais il reste encore à les faire appliquer. « Il faut nommer un Garde des Sceaux qui tape du poing sur la table, qui demande au parquet l’application du code Pénal tel qu’il existe aujourd’hui », souligne Xavier Raufer. « Le ministre Dupont-Moretti était applaudi en prison et hué par les magistrats, le ministre Darmanin ne fait pas ce qu’il dit, quant au ministre Retailleau, après de belles promesses, ses succès concrets sont bien modestes », fustige le criminologue.
Le manque de moyens du ministère de la Justice peut être un frein à l’application des peines, notamment en raison du manque de greffiers pour assister les magistrats, surtout lorsque les lois s’empilent et s’accumulent. La seule solution pour y remédier réside dans le fait de « disposer d’une volonté politique pour faire appliquer les lois existantes », souligne le criminologue en conclusion.